Membre de l’Ordre du mérite britannique versus bad boy de la scène artistique anglaise... Les deux expositions personnelles consacrées à David Hockney et Damien Hirst à Londres en 2012 sont l'occasion de croiser les portraits de ces deux figures de l'art contemporain britannique.
DH versus DH... Tous deux, diplômés d'écoles prestigieuses, viennent d'une famille modeste et ont été revendiqués par le Times, pour l’un, le plus grand artiste britannique, pour l’autre, l’artiste le plus cher du monde. Là pourtant s'arrêtent les comparaisons ! Alors que tous deux bénéficient d'expositions personnelles à Londres : Damien Hirst, à partir d’avril prochain à la Tate Modern, à la Royal Academy actuellement pour David Hockey, ce dernier a créé la polémique en lançant une pique à son confrère via posters interposés. Sur les affiches de son exposition ouverte depuis le 21 janvier dernier, on peut lire la mention suivante : « Toutes les oeuvres présentées ont été réalisées par l'artiste lui-même, personnellement ».
Hockney : retour aux sources, version multimedia
David Hockney naît à Bradford, en Angleterre, en 1937. Il commence ses études au prestigieux Royal College of Art en 1959 et devient rapidement célèbre dès le début des années 1960 pour ses tableaux de piscines californiennes tel A bigger Splash (1967), ses ciels bleu azur de Los Angeles et les représentations de sa communauté gay comme le double portrait de Christopher Isherwood et Don Bachardy (1968). Considéré comme l’un des leaders du mouvement pop art au Royaume-Uni avant de se singulariser, il se consacre dans les années 1970 à la réalisation de décors de théâtre sophistiqués comme le Rake's Progress, à Glyndebourne. Durant les années 1980, il réalise de nombreux photos-collages. Ses peintures réalisées à la même époque montrent l’influence que Matisse et Picasso ont exercée sur son art. En 2001, il publie Savoirs Secrets, les techniques perdues des Maîtres anciens, un essai qui interpelle peintres et historiens de l'art. Depuis 2005, il vit dans l'Est du Yorkshire, la contrée de son enfance. Il est revenu à une peinture en plein air inspirée des paysages locaux et dont la rétrospective à la Royal Academy présente de monumentaux formats. Le 2 janvier dernier, il est nommé par la reine d’Angleterre, membre de l’Ordre du mérite britannique, ordre très fermé qui ne compte que 24 membres civils, et 24 membres militaires, hors le souverain.
Hirst : trublion de la scène britannique
Damien Hirst naît en 1965 à Bristol mais grandit à Leeds dans le nord de l'Angleterre. En 1986, il commence ses études à Goldsmiths College et organise l'exposition Freeze en 1988. Elle lance la vague des Young British Artists (YBAs) qui domine la scène de l'art britannique dans les années 1990. Entre 1986 et 2011 naissent quelque 1500 « Spot paintings », peintures à pois dont les onze galeries du réseau Gagosian en exposent actuellement 300 de Hongkong à Manhattan. A partir de 1992, il travaille à une série de cadavres d'animaux dont l'emblématique The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living, un requin dans une vitrine de formol. Acheté par Charles Saatchi pour 50 000 livres sterling, celui-ci le revend quelques années plus tard pour... 12 millions de dollars. En 2007, Hirst commande au joaillier Bentley & Skinner une réplique en platine du crâne d'un homme décédé au 18ème siècle. Baptisé For the Love of God, il est incrusté de 8.601 diamants. Vendu à un consortium dont fait partie l'artiste pour 50 millions de livres, elle devient l'œuvre la plus chère du monde. En 2008, l'artiste défraye à nouveau la chronique en vendant aux enchères chez Sothebys l'exposition Beautiful Inside My Head Forever, court-circuitant le circuit traditionnel des galeries et amassant 198 millions de livres sterling.
Une énergie au service de carrières diamétralement opposées
Face à l'enfant terrible de l'art contemporain britannique qui n'hésite pas à faire exécuter ses créations par une armée d'artisans et d'assistants, la carrière de David Hockney qui « œuvre seul, à la main et au pinceau » selon la formule du Guardian, semble diamétralement opposée. Pourtant, à ces deux artistes que tout sépare, on ne peut dénier une énergie commune à se renouveler, doublée d'une volonté d'un certain retour aux sources. Dans les années 1960, Hockney découvre les possibilités qu'ouvre la peinture acrylique avant d'explorer la multiplicité des points de vue offerts par la photographie dans les années 1980 et de s'enthousiasmer aujourd'hui pour les œuvres numériques réalisées sur iPad et iPhone. Quant à Damien Hirst, après avoir maintes fois bousculé les règles de l'art contemporain, il a renoué en 2009 avec la tradition de la peinture en exposant No Love Lost, une série de toiles inspirées par Francis Bacon, à la Wallace Collection, à Londres. L'artiste conceptuel s'était attelé à peindre ses propres peintures. Largement vilipendées par la critique, elles ne figureront cependant pas dans la rétrospective de la Tate Modern, qui ouvrira en avril prochain.
Nadège Druzkowski, pour le Petit Journal, Londres
Plus d'informations:
David Hockney, du 21 janvier au 9 avril, à la Royal Academy
Plus d'infos ici Damien Hirst, du 4 avril au 9 septembre, à la Tate Modern
Plus d'infos ici
Crédits photo :
David Hockney, Pearblossom Highway, 11-18 April 1986 #1, Photographic collage, 119.4 x 163.8 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. Gift of David Hockney, Copyright David Hockney
David Hockney, The Arrival of Spring in Woldgate, East Yorkshire in 2011 (twenty eleven)- 12 April, iPad drawing printed on paper, 144.1 x 108 cm; one of a 52-part work, Courtesy of the artist, Copyright David HockneyDavid Hockney, Pearblossom Highway, 11-18 April 1986 #1, Photographic collage, 119.4 x 163.8 cm, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. Gift of David Hockney, Copyright David Hockney
David Hockney, The Road Across the Wolds, 1997, Oil on canvas, 121 x 152 cm, Private Collection, Copyright David Hockney, Photo credit: Steve Oliver
Damien Hirst, Sympathy in White Major - Absolution II 2006, © Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved. DACS 2011.. Photo: Photographed by Prudence Cuming Associates
Damien Hirst, The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living 1991, © Damien Hirst and Science Ltd. All rights reserved. DACS 2011. . Photo: Photographed by Prudence Cuming Associates
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