20.7.11

Joan Miró : The Ladder of Escape à la Tate Modern

















Dans une grande rétrospective, la Tate Modern présente actuellement plus de 150 œuvres de Joan Miró. L'occasion de découvrir l'œuvre du peintre surréaliste sous un angle nouveau, les commissaires d'exposition mettant l'accent sur son engagement politique.

La Tate Modern présente jusqu'au 11 septembre prochain Joan Miró : The Ladder of Escape (L'Echelle de l'évasion). L'exposition regroupe plus de 150 tableaux, œuvres sur papier et sculptures en provenance de collections du monde entier. C'est la plus grande rétrospective Miró en Angleterre depuis la dernière exposition organisée par Roland Penrose à la Tate en 1964.

Une œuvre revisitée sous le prisme de l'engagement politique

L'exposition tire son titre d'une toile de 1940, L'Echelle de l'évasion, un leitmotiv trouvé tout au long de la carrière de Miró dans des oeuvres comme Chien aboyant à la lune, 1926 ou Femme fuyant l'incendie, 1939. Figure incontournable du surréalisme, l'artiste est bien connu pour son imagerie fantastique et l'intensité de ses couleurs. Miró a développé une véritable cosmologie personnelle faite d'étoiles ébréchées, de spirales, d'œil ou de nez flottant en s'appuyant sur un dessin d'une simplicité enfantine mais néanmoins parsemé d'allusions sexuelles. Mais, au delà de sa consécration de peintre du surréalisme, la Tate explore ici le contexte élargi de son travail, soulignant son engagement politique et examinant l'influence de son identité catalane, la Guerre Civile espagnole ainsi que la montée et le déclin du régime de Franco. Plus que sur l'exubérance et l'espièglerie des figures et des personnages imaginés par Miró, les commissaires d'exposition mettent l'accent sur l'anxiété qui traverse l'œuvre de l'artiste. Jalonnée de guerres et de crises internationales majeures, la carrière de Miró s'étale sur six décennies et révèle une rage et une violence surprenantes qui vont de pair avec celui qui déclarait vouloir assassiner la peinture.

De l'identité catalane à la Guerre Civile Espagnole

L'exposition s'ouvre sur les toiles de jeunesse de Miró qui révèlent son engagement et un attachement profond à la Catalogne. On y découvre sa célèbre toile La Ferme, 1921-22, peinte dans la propriété familiale de Mont-Roig et appartenant un temps à la collection d'Ernest Hemingway. L'identité catalane est explorée davantage dans la série Tête de paysan catalan, où les attributs du paysan catalan se dissolvent en d'étranges compositions oniriques. Son engagement lors de la Guerre Civile Espagnole est marqué, en 1937, par des œuvres telles que Aidez l'Espagne, ou encore Le Faucheur, décoration murale de plus de cinq mètres de haut. Peinte dans la cage d'escalier du Pavillon de l'Espagne Républicaine lors de l'Exposition Internationale de Paris, elle a aujourd'hui disparu mais quelques photos en témoignent. Toujours en 1937, dans Nature morte au vieux soulier, une de ses œuvres maîtresses avec La Ferme, selon Miró, le rendu dramatique d'objets de la vie de tous les jours par un traitement hallucinant de la couleur et de l'espace rend compte de la folie et la violence de ces temps troubles.

De la seconde guerre mondiale à la fin de sa vie

Miró semble s'être replié sur son monde intérieur lors de l'élaboration de sa série des Constellations commencée à Varengeville en Normandie en 1940 et finie en Espagne, où il se réfugie après l'invasion allemande de la France. Quatre séries de triptyques aux formats monumentaux créées dans les années 1960 mêlent quiétude et engagement politique. Le triptyque Bleu I, II, III avec ses lignes ondulées et ses gouttes noires, réminiscences d'une vie cellulaire élargie, transmet un sentiment de sérénité et d'intime quiétude. Le triptyque L'Espoir du condamné à mort, 1973, est lui une condamnation du régime de Franco. Alors âgé de plus de 70 ans, Miró réussit à transcrire le mouvement de révolte de la fin des années 1960 avec des oeuvres comme Mai 1968, Toile brûlée I, II, III, IV, V, 1973, où il met le feu à ses tableaux, ou encore Feux d'artifice I, II, III, où la peinture projetée directement sur la toile traduit la violence du geste.

Joan Miró est né à Barcelone en 1893. A partir de 1921, il se rend régulièrement à Paris et devient une figure clef du surréalisme. Il reste en France pendant la Guerre Civile Espagnole mais rentre à Mont-Roig en 1941 suite à l’invasion allemande. Après plusieurs années à Barcelone, il s'installe en 1956 à Majorque, où il décède en 1983.

Nadège Druzkowski

Tate Modern
Du 14 avril au 11 septembre
Plus d'infos ici


12.7.11

Sexual Nature s'expose au Musée d'Histoire Naturelle















Jusqu'au 11 octobre prochain, découvrez les secrets les plus intimes et étonnants de Dame Nature. Avec Sexual Nature, le Musée d'Histoire Naturelle présente une sélection choisie de pratiques de séduction et d'accouplements d'espèces animales et végétales qui vous laisseront pour le moins pantois....

Saviez-vous que le pénis du bernacle, petit crustacé de prime abord anodin, mesure jusqu'à 30 fois sa taille? Que les escargots, hermaphrodites notoires, s'envoient des dards ou flèches d'amour dans des préliminaires à fâcheuse tendance sadomasochiste?

Les mystères de la Nature dévoilés

Dans une exposition savamment orchestrée, le musée d'Histoire Naturelle, à South Kensington, nous emmène sur les chemins insoupçonnés pris par la nature afin de perpétuer son existence et sa diversité. Sexual Nature présente plus d'une centaine d'espèces appartenant aux collections du musée, accompagnées de photographies et de vidéos. Sous une lumière semi-tamisée, l'exposition plonge le visiteur dans le royaume de la reproduction des plantes et des animaux et fait appel aussi bien aux sens visuels qu'auditifs. Points d'orgue de l'exposition : un spécimen empaillé du faisan Argus dont l'extraordinaire plumage tacheté conduit Darwin à établir la différence entre sélection sexuelle et sélection naturelle, le gorille mastodonte Guy, un familier du zoo de Londres jusqu'à sa mort, qui régna sur un véritable harem ou encore la présentation de courts films écrits, réalisés et interprétés par Isabella Rossellini. Dans les séries Green Porno et Seduce Me, elle se travestit allègrement en insectes et animaux et mimique leur vie sexuelle. Scientifiquement corrects, les épisodes sont tous plus hilarants les uns que les autres.

Force, séduction ou ingéniosité : tous les moyens sont bons

Au gré de l'exposition, le visiteur découvre les procédés de procréation mis en place par la Nature. Force, séduction ou ingéniosité, à chaque espèce, sa technique. L'argonaute, un mollusque des mers chaudes, est paré d'un pénis détachable. Il nage vers la femelle, garni d'un sachet de sperme qui s'ouvrira une fois à l'intérieur. Le mâle de la baudroie abyssale, bien plus petit que la femelle, va quant à lui s'accrocher à elle grâce à ses dents coupantes. Il deviendra son donneur de sperme intégré en échange de nourriture. D'autres espèces ont mis en place des procédés de séduction élaborés afin de séduire la femelle. Ainsi, l'oiseau de paradis mène une danse endiablée déroulant les couleurs les plus hallucinantes tandis que la mante religieuse mâle offre sa tête en offrande à sa belle durant l'accouplement. Enfin, d'autres individus comme le cerf choisissent la confrontation dans des duels allant parfois jusqu'à la mort.

Une chose est sûre : à l'entrée de l'exposition, le visiteur devra laisser ses préjugés de côté. La vie sexuelle de la nature ne peut pas être jugée d'après notre code de moral.

Nadège Druzkowski

Natural History Museum
Cromwell Road SW7 5BD Londres
Jusqu'au 2 octobre 2011

Tous les jours 10.00–17.50
Entrée: £7/£4

Pour visionner les épisodes de la série Green porno et Seduce Me de Isabella Rossellini : cliquez ici


















Crédits photos : Natural History Museum